Question : Qu’est-ce que la PALC?

Eric Godin : C’est la Politique d’aménagement linguistique et culturel du système scolaire francophone du Nouveau-Brunswick. Elle a été adoptée en 2014 par l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick pour permettre au système éducatif acadien et francophone de réaliser sa double mission : favoriser la réussite éducative des élèves et assurer la construction identitaire de chaque apprenante et apprenant.

Question : Le personnel enseignant connaît-il bien la PALC?

EG : Je crois que le personnel enseignant connaît moins la politique que les outils et les formations qui émanent du document. Plus axé sur la salle de classe et le terrain, le personnel enseignant connaît bien la notion de construction identitaire et est au diapason avec les dynamiques linguistiques inhérentes au contexte minoritaire.

Pourquoi la PALC est-elle importante pour vous?

EG : J’ai eu la chance de grandir à Fredericton, d’enseigner en Louisiane et d’œuvrer à l’École Donat-Robichaud de Cap-Pelé : des environnements aussi variés que riches en observation! De son côté, mon épouse enseigne en immersion : une tout autre réalité! Nous sommes tous les deux de grands voyageurs à l’international.

Pourquoi l’AEFNB fait-elle de la révision de la PALC une priorité?

EG : Les questions linguistiques et culturelles, de même que les enjeux identitaires selon la façon avec laquelle on les aborde ou on les codifie, peuvent être sources de fierté et de mobilisation ou… sources de tension, d’hostilité, même de conflits… Pour l’AEFNB, l’importance de la PALC ne peut être sous-estimée pour mieux guider, en matière de langues et de cohabitation interculturelle, notre dynamique scolaire francophone au cours de la prochaine décennie.

Quelles sont les attentes de l’AEFNB face à l’actualisation de la PALC?

EG : En plus de consolider les piliers présents, l’AEFNB souhaite qu’elle tienne compte d’enjeux qui n’étaient pas autant dans notre radar au moment de sa rédaction initiale. Il ne suffit pas de faire le ménage dans ce qui est déjà là : il ne faut pas oublier d’ajouter ce qui n’y est pas.

Avez-vous des exemples de ce que vous vous attendez à lire dans la PALC renouvelée?

EG : Bien sûr! Voici quelques pistes d’interrogations autour desquelles commencer notre réflexion.
  • Quel espace occupent les outils informatiques chez les jeunes et quel est son impact sur la langue française?
  • Quelle est la contribution de l’Acadie à un espace virtuel éducatif francophone et comment doit-on se structurer pour en faire partie?
  • Quelles leçons avons-nous tirées au sujet de l’insécurité linguistique depuis une douzaine d’années et comment faire pour célébrer les registres de langue de nos parents et de nos grands-parents, tout en valorisant aussi une langue normative?

Ces exemples abordent l’angle linguistique de la PALC. Avez-vous des exemples qui s’intéressent à la vitalité culturelle?

EG : Au fait, oui. Et il faudra sans doute un peu d’audace et de sagesse pour rassembler les francophones autour d’une vision partagée :
  • En matière de vivre-ensemble et de cultures, le système éducatif francophone du Nouveau-Brunswick aurait-il avantage à miser sur une approche interculturelle plutôt que sur une vision multiculturelle?
  • Au sujet du vivre-ensemble, quels sont les défis vécus dans les provinces voisines au cours de la dernière décennie et quelles balises ou quels paramètres pourrions-nous mettre de l’avant pour éviter les écueils vécus avec tensions dans d’autres systèmes scolaires semblables au nôtre?
  • Sur le plan ethnoculturel, quels sont les efforts à déployer pour nous assurer que le visage du personnel enseignant francophone reflète de plus en plus celui de nos élèves?  
  • Quelle place consacrer à la célébration de l’Acadie au moment d’accueillir dans nos écoles des élèves et du personnel de partout sur la planète?
  • Quelle place consacrée aux Premières Nations dans nos prochaines ambitions? 
Et il ne s’agit que de pistes de réflexion…

Devons-nous comprendre qu’actualiser la PALC représente pour l’AEFNB un défi de taille?

EG : Je retiens surtout que la mise à jour de la PALC représente une OCCASION de taille et qu’il nous appartient de ne pas passer à côté de cette occasion unique de bien guider le milieu scolaire en matière de langue et de cultures pour la prochaine décennie!