Incertitude économique : un vent fort souffle sur l’industrie!

Évidemment, quand l’économiste Pierre-Marcel Desjardins a réfléchi aux tendances économiques 2025 qui affecteront assurément l’industrie des pêches et de l’aquaculture, la principale préoccupation relève principalement de l’incertitude du marché américain. Les tarifs douaniers potentiels que pourrait imposer le gouvernement de Donald Trump feront mal aux producteurs néo-brunswickois si le président va de l’avant.
« C’est clair, net et précis, notre dépendance au marché américain est problématique de façon globale pour les pêches, que ce soit au niveau de la transformation ou du fret. À peu près 80 pour cent de nos exportations du secteur des pêches et 87 pour cent de nos exportations en aquaculture sont destinées au marché américain », souligne d’emblée ce professeur à l’Université de Moncton.
Le marché du homard

Du côté du homard en particulier, au moins les deux tiers du homard vivant sont exportés de l’autre côté de la frontière américaine et le dernier tiers est envoyé en Chine. « Ceci reflète nos liens particuliers avec le Maine. Nous transformons leur homard et eux transforment le nôtre parce que le homard vivant va dans les deux directions selon les saisons », note-t-il. Plus de 80 pour cent du homard transformé est quant à lui vendu sur le marché américain.
« Produits de luxe »

Un peu plus de 75 pour cent du crabe transformé dans la province est destiné au marché américain et
12,5 pour cent sont expédiés au Japon. M. Desjardins ajoute que le homard et le crabe sont déjà considérés comme des produits de « luxe », c’est-à-dire qu’ils sont consommés lors d’occasions spéciales ou de sorties au restaurant. « Si on impose des tarifs de 25 pour cent, les consommateurs ne seront probablement pas prêts à payer
25 pour cent de plus pour ces produits qui sont déjà considérés comme dispendieux », déplore-t-il.
Il croit que ces augmentations pourraient être refilées aux pêcheurs puisque, habituellement, ce ne sont pas les prix des produits qui sortent de l’usine qui fluctuent, mais plutôt le prix offert aux pêcheurs. À plus long terme, de nouveaux marchés pourraient être développés pour les produits de la mer, mais ceci ne s’effectue pas du jour au lendemain.
Les huîtres

Les chiffres sont encore plus inquiétants du côté des exportations d’huîtres vivantes, fraîches ou réfrigérées, puisque plus de 99 pour cent des exportations sont envoyées aux États-Unis.
« L’année risque donc d’être très difficile et l’incertitude est énorme. Ce secteur est reconnu comme résilient et a vécu des hauts et des bas, des chutes de quotas et des fluctuations de prix. Mais malheureusement, il y a une grosse tempête à l’horizon et nous devrons y faire face au cours de la prochaine saison », conclut-il.
Prenez note que ce texte a été rédigé avant que le président des États-Unis annonce les détails de ses tarifs douaniers.