FLEXIBILITÉ, FLEXIBILITÉ, FLEXIBILITÉ…
Depuis la crise provoquée par les baleines noires en 2017, les crabiers et leurs associations ont, soit produit ou accepté, de nombreux changements importants dans leur façon de faire la pêche au crabe des neiges dans le sud du Golfe du St-Laurent.
Dès 2018, plusieurs pêcheurs ont investi dans des innovations technologiques de pointe sécuritaires pour les baleines qui ont été largement reconnues au Canada comme aux É.-U. D’autre part, la flottille s’est adaptée rapidement, quoique péniblement dans bien des cas, aux nombreuses mesures restrictives décrétées par le ministère de Pêches et Océans; mesures qui ont limité sérieusement l’accès des pêcheurs à leurs territoires de pêche.
De bonne foi, les associations ont appuyé la plupart de ces mesures en ayant confiance que le ministère allait, au fur et à mesure, prendre en considération les recommandations faites par ces derniers dans le but de minimiser les impacts négatifs de ces mesures originales sur la pêcherie tout en offrant une protection accrue et objective pour les BNAN!
Dès le départ, le mot d’ordre était la coexistence de la pêcherie et des baleines. On s’attendait donc à ce que le MPO examine et analyse le moment, l’ampleur et la signification de la présence des baleines dans les activités de pêche au crabe du sGSL. Ces études et analyses devaient permettre de mieux comprendre ces interactions baleines/pêcheurs sur les lieux de pêche et d’évaluer le niveau d’efficacité de ces nouvelles mesures à la fois pour les baleines et pour la pêcherie.
Or, à notre connaissance, aucun travail de recherche de la sorte capable d’évaluer le niveau d’impact de ces mesures sur notre pêcherie n’a été entrepris par le MPO
depuis 2019!
Au cours des 5 dernières années, pratiquement aucune recommandation faites par les associations de pêcheurs n’a été acceptée par le ministère. Au contraire, on a limité davantage l’accès des pêcheurs à leurs territoires de pêche en imposant, entre autres, des fermetures saisonnières sur d’immen-ses territoires. On a également doublé la probabilité de fermeture des lieux de pêche les plus productifs du sGSL en y installant des bouées acoustiques capables d’enclencher des fermetures sans qu’aucune observation visuelle de baleine soit requise…
Année après année, les associations ont réalisé qu’elles prêchaient dans le désert!
Le refus de la plus récente recommandation de l’ACA nous laisse encore plus perplexes parce que les analyses scientifiques qui la sous-tendent indiquent clairement un avantage significatif de protection des BNAN par l’élimination d’un grand nombre de cordes dans la colonne d’eau pendant la période la plus risquée pour les empêtrements dans le sGSL!
Cette recommandation est d’ailleurs basée sur une analyse scientifique rigoureuse faite par le biologiste Marcel Hébert sur le rythme des captures de crabe en relation avec l’arrivée et la présence des BNAN dans le sGSL. Les analyses de monsieur Hébert démontrent que l’ajout de 25 casiers en début de saison aurait offert aux pêcheurs la flexibilité (gagnante) de capturer davantage de crabes et, dans bien des cas, de terminer la pêche avant l’arrivée des BNAN. Cette pêche accélérée aurait, en retour, offert une protection accrue (gagnante) aux BNAN en éliminant de nombreuses cordes verticales dans la colonne d’eau avant que les baleines se concentrent dans le sGSL au mois de juin.
En d’autres mots, une proposition qui aurait livré le gage de la coexistence : baleines gagnantes et pêcheurs gagnants! Malheureusement, cette solution objective et positive ne coïncidait pas avec les points de vue subjectifs des décideurs gouvernementaux.
Pour nos pêcheurs, il est de plus en plus évident qu’une véritable coexistence passe par une démarche objective et concertée à l’abri du bien-paraître politique du moment et l’intransigeance écologique, souvent exagérée, véhiculée à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des murs gouvernementaux.
L’ACA anticipe le moment lorsque le MPO mettra son immense bassin d’expertise au service de la coexistence réelle des baleines et des pêcheurs dans les eaux du sud du Golfe du St-Laurent!
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