L’émeute de Caraquet de 1875 désignée événement historique national en 2025!

Le 6 mars dernier, Steven Guilbeault au moment où il était ministre de l’Environnement et Changement climatique Canada, et ministre responsable de Parcs Canada, a annoncé que l’Émeute de Caraquet figure parmi les événements d’importance historique nationale dans le cadre du Programme national de commémoration historique de Parcs Canada.
L’émeute des Acadiens de Caraquet de janvier 1875 a marqué l’histoire acadienne et canadienne. Elle est le résultat de quatre ans d’opposition des catholiques du Nouveau-Brunswick à la Loi des écoles communes de cette province qui vise à laïciser les écoles en instituant un réseau scolaire séculier financé par des fonds publics au moyen
d’une taxe générale.
À la suite de l’arrestation violente des manifestants et du décès de deux hommes, la loi est assouplie. Les Acadiens continuent ainsi d’offrir à leurs enfants une éducation primaire de leur choix, contribuant à façonner leur identité linguistique et culturelle. La communauté acadienne crée divers établissements d’enseignement dans les années subséquentes, ce qui entraîne l’ascension politique des Acadiens à des postes élus.
L’émeute prend une valeur symbolique par rapport aux revendications culturelles, marque pour toujours la mémoire collective acadienne et sert d’exemple précoce des efforts déployés par les minorités linguistiques et religieuses au Canada pour résister à la discrimination.
Le 1er janvier 1872, l’entrée en vigueur de la Loi des écoles communes entraîne la perception de la nouvelle taxe scolaire et l’interdiction des écoles paroissiales religieuses, suscitant la colère des catholiques de la province, notamment chez les Acadiens dont l’éducation dépend des communautés religieuses francophones.
Entre-temps, des curés catholiques acadiens mènent la résistance contre cette nouvelle taxe, refusant de la payer. En signe de soutien à leur clergé, des Acadiens et des catholiques refusent également de payer la taxe. Le 14 janvier 1875, les contribuables de la paroisse de Caraquet sont convoqués pour fixer les taux de taxation et les méthodes de perception. Ceux qui refusent de payer leurs taxes n’ont pas droit de vote. Ils réagissent en perturbant la rencontre, et la cohue s’ensuit.
Le lendemain, certains se présentent à la résidence de différents commissaires scolaires pour les forcer à démissionner. Le 23 janvier, des mandats d’arrestation sont déposés contre quinze manifestants et une lettre est livrée à l’abbé de Caraquet lui ordonnant d’empêcher les émeutiers de semer le chaos, brandissant la menace de brûler son presbytère
s’il ne coopère pas.
Réunis chez André Albert, ils apprennent que le shérif est en route pour les arrêter. L’arrestation qui a lieu le 27 janvier débouche sur un affrontement violent entre les autorités et les Acadiens. Deux hommes sont tués : l’Acadien Louis Mailloux et John Gifford, l’un des hommes qui s’étaient portés volontaires pour prêter main-forte au shérif. Des accusations sont portées contre les manifestants pour l’émeute du 15 janvier et pour le meurtre de Gifford. La mort de Mailloux n’entraîne aucune procédure judiciaire. Les accusés sont ultimement relâchés.
Ce qu’ils ont dit…
« Pour les gens de Caraquet et pour l’ensemble de la population acadienne, il était important que les événements d’il y a 150 ans soient reconnus où des hommes, pour la plupart de jeunes pères de familles, s’étaient tenus debout afin de défendre et de protéger leur langue et leur religion. Leur révolte fut le début de cet interminable combat de la minorité francophone hors Québec pour le respect de leurs droits. ». Clarence Lebreton, historien qui a soumis la proposition ayant mené à la désignation fédérale.
« L’émeute de Caraquet dont on vient de reconnaître son importance nationale aura joué un rôle important dans l’histoire de notre communauté. C’est un beau geste de la part du gouvernement fédéral dont le ministre Steven Guilbeault. » Bernard Thériault, maire.
« Je salue cette reconnaissance qui permet de mieux faire connaître notre histoire et de transmettre aux générations futures l’héritage de ceux et celles qui se sont battus pour leurs droits. Cet événement demeure profondément ancré dans la mémoire collective des Acadiens et symbolise leur engagement envers l’éducation et la justice. ». Serge Cormier, député d’Acadie-Bathurst.
Extraits du document officiel que vous pouvez consulter
au www.canada.ca/fr/parcs-canada/nouvelles