Féminité et acadianité au Collège Notre-Dame d’Acadie
Les Religieuses NDSC ont été innovatrices en introduisant le cours classique pour filles en 1943 à l’Académie NDSC de Memramcook et en ouvrant le premier Collège classique pour femmes en Acadie : le Collège Notre-Dame d’Acadie (NDA), à Moncton en 1949, sous le leadership de Mère Jeanne-de-Valois. Dès la première année du cours classique, la classe compte 4 étudiantes. Elles sont 127 étudiantes lors de la fermeture du cours classique en 1965.
Pendant les années 1940, la province subit des transformations dans son système d’enseignement qui préparent le terrain pour les années 1960 avec le programme de Chance égale pour tous. Les Religieuses NDSC participent à ces changements par la formation offerte au Collège NDA. Son programme de cours classique est conforme à celui de l’Université Saint-Joseph (USJ) dont il relève : il est conçu dans la tradition des humanités et n’offre pas de contenu proprement acadien.
Le Collège Notre-Dame d’Acadie offre aussi des cours du secondaire et plusieurs autres programmes tels que les sciences familiales, la musique et les sciences commerciales, dont certains ont été continués par après. Ces disciplines ont laissé leur propre marque dans le milieu.
Mon intérêt pour ce sujet, le rôle des Religieuses NDSC et leur engagement en tant que productrices d’identité, débute pendant mes années dans les écoles publiques de mon village natal à Bouctouche où elles sont enseignantes, jusqu’à la fin de mon secondaire, puis se poursuit lors de mon inscription au cours classique au Collège NDA.
Alors que je suis en plein milieu de mon programme de baccalauréat survient une visite surprise de la supérieure du collège; Mère Juliette vient nous annoncer la cessation dès ce printemps 1965 du cours classique, avec la consigne de continuer nos études « en haut de la côte » dans la nouvelle institution de l’Université de Moncton. Nos réactions à cette annonce sont émotives car personne parmi nous ne s’y attendait. C’est d’ailleurs pour tenter d’y répondre et comprendre cette décision que plusieurs années plus tard, j’en fis mon sujet de thèse de doctorat.
Les Religieuses NDSC sont des productrices d’identité acadienne, au niveau structurel par leurs établissements et au niveau culturel, par la formation offerte. Le programme de cours classique n’offrait pas de contenu proprement acadien alors elles ont ajusté certaines modalités et des cours ont été ajoutés pour répondre à leurs propres besoins.
Elles forment des professionnelles, enseignantes et autres, dotées d’une formation et d’une culture générale. Ce sont les activités parascolaires qui reflètent une autre dimension révélant une spécificité acadienne davantage articulée, tout en nous offrant une image de la féminité de l’époque.
Bref, les religieuses et leur collège ont joué un rôle très important dans la société acadienne, ce qu’un résumé tel que celui-ci ne peut qu’effleurer. Le 100e anniversaire
de la fondation de la congrégation nous permet de le rappeler publiquement, avec notre reconnaissance pour cet engagement de leur part.
Isabelle McKee-Allain
Isabelle McKee., Rapports ethniques et rapports de sexes en Acadie du Nouveau-Brunswick : les communautés religieuses de femmes et leurs collèges classiques, Thèse en vue de l’obtention du Ph.D. en sociologie, Université de Montréal, 1995,
453 p. +6 annexes. Disponible dans les bibliothèques des trois campus de l’Université de Moncton à Edmundston, Moncton et Shippagan.
Les religieuses NDSC ont marqué de belle façon des générations de jeunes dans les Maritimes
Lors de la fondation de la communauté, les religieuses de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur héritent de cinq couvents, qui exigent un personnel important. Tous sont situés dans des milieux ruraux francophones, dont Memramcook, Bouctouche, Shédiac, Saint-Anselme, et Petit-Rocher.
Sauf pour l’Académie du Sacré-Cœur de Moncton, érigée en 1923, les religieuses sont à peu près absentes des écoles paroissiales et publiques. Elles ne sont tout simplement pas assez nombreuses. Mais, la situation ne tarde pas à changer.
Les Acadiennes qui se sentent appelées à la vie religieuse dans une communauté de langue française ne tardent pas à joindre les rangs. À la fin du deuxième sextennat (douze ans) de mère Marie-Anne comme supérieure générale, le nombre est passé de 53 à 200. Ces entrées ont permis d’offrir une éducation de qualité à des milliers de jeunes.
Dans la province du Nouveau-Brunswick où le mot d’ordre était l’anglicisation des Acadiens, où 80 % du personnel enseignant détenait moins d’une neuvième année, la présence des religieuses constituait un apport précieux assurant un niveau d’éducation et de culture enviable.
Ainsi, dès le premier quart de siècle, et pendant 50 ans, les religieuses NDSC vont œuvrer dans les trois provinces. Elles auront aussi enseigné à Elsipogtog.
Jusqu’à la création de l’École normale propre aux religieuses vers la fin des années 1940, la plupart d’entre elles ne détiennent pas de brevet d’enseignement, mais elles sont munies d’un diplôme du secondaire. Les sœurs échangent beaucoup entre elles sur des approches et du matériel pédagogiques. Ce partage résulte en de meilleurs rendements en salle de classe.
Nombreux sont celles et ceux qui, en ce 100e anniversaire, voudront exprimer une vive reconnaissance à ces religieuses qui ont marqué, de belle façon, la société acadienne.
Hector J. Cormier
Présence des NDSC dans les écoles
Nouveau-Brunswick de 1924 à 2022
Moncton, Georgetown, Lewisville, Humphrey, Dieppe, Saint-Anselme, Memramcook, Pré-d’en-Haut, Sackville, Port-Elgin, Cap-Pelé, Shédiac, Grande-Digue, Cocagne, Bouctouche, Sainte-Anne-de-Kent, Saint-Paul-de-Kent, Sainte-Marie-de-Kent, Saint-Antoine, Pointe-Sapin, Baie-Sainte-Anne, Néguac, Bathurst-Est, Beresford, Petit-Rocher, Drummond, Grand-Sault, Minto , Saint-Jean.
Elsipogtog entre Baie Sainte-Anne et Néguac
Nouvelle-Écosse de 1951 à 1994
Weymouth, Plympton, Pubnico-Ouest, Berwick, Digby, Quinan et Buttes-Amirault
Île-du-Prince-Edouard de 1959 à 1979
Mont-Carmel et Baie-Egmont