Semaine de la coopération – La coopération pourrait jouer un rôle dans la pénurie de logements au N.-B.
La pénurie de logements et surtout de logements abordables représente un dossier d’envergure nationale et des coopératives voient le jour ailleurs au pays pour aider les gens à se loger. Selon Marc Henrie, consultant spécialisé en développement coopératif et communautaire, le Nouveau-Brunswick aurait tout à gagner à utiliser le modèle coopératif pour contribuer à répondre à cette demande grandissante de logements.
Il a ainsi remarqué ailleurs au pays la création de coopératives à partenaires multiples ou encore des coopératives de solidarité comme elles sont appelées au Québec. « Ce type de coopérative crée des modèles intéressants pour les coops d’habitation. On voit des modèles qui regroupent des commerçants, des propriétaires d’entreprises et des locataires d’appartement qui vont tous être membres avec des pouvoirs décisionnels au conseil d’administration », explique-t-il.
Cette structure permet de partager le financement de la construction d’un édifice qui comprend à la fois des espaces commerciaux et des logements en location. Ce consultant avance que cette formule pourrait intéresser les entreprises du Nouveau-Brunswick qui recrutent à l’international pour combler leurs besoins de main-d’œuvre ou bien celles qui font appel à des travailleurs saisonniers. Une telle coopérative d’habitation leur permettrait de réduire les couts de construction par le partage et, du même coup, réserver des logements à l’intention de leurs travailleurs spécialisés.
Marc Henrie a cependant noté une certaine stagnation dans le milieu coopératif néo-brunswickois avec peu d’intérêt pour la création de nouvelles coopératives depuis quelques années. Une part de responsabilité pourrait être attribuée à l’absence d’un organisme comme la défunte Coopérative de développement régional pour appuyer la formation de nouvelles coopératives.
Il ajoute que la province comprend encore un bon nombre de coopératives d’alimentation, mais que celles-ci doivent faire face à une concurrence accrue des géants de l’épicerie en plus des achats de nourriture en ligne. « S’il n’y a pas de consolidation dans ce secteur dans quelques années, malheureusement je pense qu’il va avoir des fermetures », déplore-t-il.
Une commission au cœur de la règlementation du secteur coopératif
Connaissez-vous la Commission des services financiers et des services aux consommateurs du Nouveau-Brunswick ? Cette société de la Couronne joue un rôle essentiel dans l’écosystème coopératif de la province.
« Notre mandat est de fournir des services de règlementation qui protègent les intérêts du public au Nouveau-Brunswick », résume Marissa Sollows, directrice des communications et des relations publiques de cet organisme. Au Canada, une coopérative doit se constituer en personne morale en vertu d’une loi sur les coopératives au niveau provincial, territorial ou fédéral. Au Nouveau-Brunswick, la Commission des services financiers et des services aux consommateurs veille à l’application de la Loi sur les coopératives et est responsable de la règlementation et de la constitution de ces établissements dans la province. Modernisée en 2020, la Loi sur les coopératives du Nouveau-Brunswick énonce les lois applicables aux personnes qui souhaitent organiser, exploiter et exercer leurs activités selon les principes coopératifs.
« Les lois sur les coopératives, comme la nôtre, ont été élaborées pour soutenir un modèle d’entreprise qui se caractérise par l’autorèglementation et le contrôle démocratique, suivant des principes coopératifs reconnus à l’échelle mondiale. En résumé, la plupart des pouvoirs restent entre les mains des membres et du conseil d’administration, avec des interventions limitées de l’organisme de règlementation. Notre surveillance, toutefois, contribue à protéger les membres, tout en favorisant la confiance du public envers le modèle coopératif », ajoute-t-elle.
La Commission recense 160
coopératives à but lucratif et à but non lucratif inscrites dans la province et celles-ci créent environ 2 000 emplois. Ces coopératives opèrent dans des domaines aussi variés que les services de garderie et d’alimentation, l’habitation, des stations de radio, des services funéraires et bien d’autres.
« Bien que les coopératives demeurent un modèle entrepreneurial viable, notamment par la création d’emplois, les possibilités de placements, la croissance collaborative dans les communautés, nous avons constaté un ralentissement de l’activité dans le secteur coopératif au cours des dernières années. C’est le résultat de divers facteurs et la pandémie a sans doute accéléré la tendance observée », ajoute Mme Sollows en précisant qu’une seule nouvelle coopérative a été incorporée au cours de la dernière année.