Comme l’économiste Pierre-Marcel Desjardins le mentionne dans son bilan de la dernière année, plusieurs facteurs majeurs ont affecté et continuent de nuire à l’économie de la province. Les répercussions de la pandémie, les défis de main-d’œuvre et l’inflation poursuivent leur entrave à la croissance des PME, mais est-ce qu’un ralentissement économique serait à venir ?
Ce professeur à l’Université de Moncton pense que oui, mais il hésite encore à qualifier la situation d’une récession future. « Il y a quand même certaines incertitudes. Nous avons vu que les banques centrales — et la Banque du Canada n’est pas la seule puisque la Banque européenne a haussé son taux directeur de trois quarts de point — laissent présager un ralentissement économique », mentionne-t-il.

Marché immobilier canadien

Déjà, le marché immobilier canadien connaît un ralentissement après sa croissance effrénée dans la foulée de la pandémie. « Le coût d’emprunt pour les entreprises et pour les consommateurs est plus élevé, ce qui devrait ralentir les achats basés sur l’endettement », rappelle-t-il. Pierre-Marcel Desjardins souligne que la Banque du Canada n’écarte pas la possibilité d’augmenter encore davantage les taux d’intérêt dans sa tentative de calmer l’inflation et, par ricochet, ceci ralentirait l’économie.
La pénurie de main-d’œuvre continuera d’affecter les PME de la province qui affichent de nombreux postes vacants. La récente augmentation de la population néo-brunswickoise représente un élément positif auquel ce professeur ajoute un bémol. « Je soupçonne que beaucoup de gens à la retraite viennent ici et d’autres font du télétravail. Le “Fly In Fly Out” d’autrefois est remplacé par le travail à distance. Cette augmentation de la population ne se traduira donc pas nécessairement par une réduction significative des défis de la main-d’œuvre », avance-t-il. Il note toutefois le pouvoir d’achat élevé de ces nouveaux citoyens et citoyennes de la province qui contribueront à faire rouler l’économie.
Enfin, cet économiste surveille de près la situation en Europe, un partenaire économique considérable du Nouveau-Brunswick. Plusieurs inquiétudes y règnent en raison de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique qui pourrait en découler cet hiver. « Certaines entreprises vont devoir ralentir la production en Europe qui va privilégier chauffer les maisons plutôt que de fournir les entreprises en énergie », avance-t-il en prévoyant des répercussions jusqu’ici.