La santé des érablières du Nord-Ouest est toujours préoccupante

L’état de santé des érablières, qu’elles soient utilisées pour l’acériculture ou pour la production ligneuse, fait l’objet d’inquiétudes dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Le secteur de l’acériculture, connaissant une croissance importante depuis la dernière décennie et les investissements étant de plus en plus importants, la vigueur des arbres produisant la précieuse eau d’érable est davantage sous la loupe des exploitants des érablières acéricoles.
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Par Richard Barry, professeur de l’École de foresterie de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston.
Afin d’assister les acériculteurs dans leur appréciation de l’état de santé des érablières, un comité regroupant des intervenants du ministère de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches (Daniel Savoie et Pat Toner), de l’École de foresterie de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston (Hector-Guy Adegbidi et Richard Barry), de l’Institut de recherche sur les feuillus nordiques (Gaetan Pelletier), du CCNB-INNOV (Dodick Gasser), et de l’Association acéricole du Nouveau-Brunswick (Luc Castonguay) a récemment été mis sur pied pour diagnostiquer les problèmes de fertilité des sols associés aux manques de vigueur et au dépérissement des arbres. Le comité étudie les outils développés ailleurs pour établir le diagnostic des conditions du sol, et voit à les adapter aux conditions du Nord-Ouest.
Parmi les outils les plus pertinents, le protocole d’échantillonnage élaboré par le Centre Acer, associé à la procédure d’analyse DELFES (Diagnostic des éléments foliaires et du sol) du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, est le plus prometteur et est testé dans quelques sites depuis l’année dernière. Le protocole permet de déterminer les carences en différents éléments nutritifs, et propose des traitements correctifs d’amendement et de fertilisation.
Durant l’été 2021, l’application du protocole dans une érablière de la région de Saint-Quentin a permis de connaitre les besoins en chaulage pour rectifier le pH et d’améliorer la disponibilité en divers éléments nutritifs dans un secteur montrant des signes de perte de vigueur. D’autres essais du protocole pour diagnostiquer l’état de santé des érablières affectées par le dépérissement seront effectués cet été. Un des objectifs principaux de ces essais est de familiariser les intervenants en acériculture avec le protocole qui, sans être excessivement complexe, requiert néanmoins des compétences spécialisées.
La production d’un guide simplifié et adapté aux conditions du Nord-Ouest est également envisagée. Le chaulage est une pratique couramment utilisée au Québec et suscite de l’intérêt auprès des acériculteurs, mais ce traitement coûteux doit être prescrit judicieu­sement et uniquement lorsqu’une analyse rigoureuse de l’état de santé et de fertilité de l’érablière a été effectuée.

Établissement de plantations d’érables? 


Une autre facette de l’aménagement des érablières fait l’objet d’un intérêt par l’École de foresterie : l’établissement de plantations d’érables à des fins acéricoles. Plusieurs acériculteurs manifestent une volonté de planter des érables pour augmenter, dans un futur relativement lointain, la productivité de leur entreprise. Les arbres sont souvent plantés dans des terrains agricoles abandonnés, des friches ou des trouées dans l’érablière, de préférence situées à proximité de l’usine sucrière. 


Parmi les avantages d’établir des peuplements artificiels, notons la possibilité d’optimiser la localisation des arbres pour maximiser l’efficacité des systèmes de récolte d’eau d’érable, de planter des semis qui présentent les meilleures caractéristiques génétiques, et de systématiser les interventions sylvicoles, incluant la fertilisation et l’application de pesticides au besoin. 


Par ailleurs, ce type de plantation, beaucoup moins commun que celui de résineux, n’est pas sans défis et présente souvent des problèmes de ravageurs qui lui sont propres, dont le broutage par les cervidés, les souris et autres muridés. Quelques essais de plantation dans la région de Saint-Quentin et de Saint-André sont présentement sous observation. L’objectif à moyen terme est de proposer un guide d’établissement des plantations d’érables à sucre à des fins acéricoles adapté aux conditions du Nord-Ouest.