Vie50+ décembre 2023

En ces temps où les familles que l’on appelait « traditionnelles » ne sont plus les seuls modèles, il demeure d’une importance vitale de donner la place aux personnes aînées et, surtout, de ne pas les oublier en cette période des Fêtes.

Le grand gérontologue et psychothérapeute acadien Valois Robichaud considère la filiation, soit le lien de parenté qui existe entre les gens, comme un moyen identitaire d’abord, mais aussi un rempart sécuritaire, non seulement pour l’aîné, mais aussi pour l’enfant et l’adolescent.

« Je constate une rupture du rôle de la présence des aînés auprès de la jeunesse de nos jours. Avec les différentes représentations de la famille que l’on connaît, il appert que les enfants ont parfois plus de parents et de grands-parents, que les parents ont des enfants. Quand survient une séparation dans un couple qui a des enfants et que les conjoints ou conjointes ont d’autres compagnons ou compagnes de vie, cela peut aussi signifier l’ajout de frères et de sœurs de plus. »

Évitons l’isolement social et la solitude

« Ces familles élargies peuvent vouloir dire que les enfants seront moins disponibles dans un temps comme celui des Fêtes pour aller voir des personnes aînées provoquant ainsi une augmentation de l’isolement social et un sentiment de solitude chez ces dernières ». Puis comme le temps des Fêtes conserve toujours pour plusieurs personnes un attrait certain pour des rassemblements familiaux, il est important de conserver ces rituels.
« Si l’aîné n’est pas là pour célébrer avec les familles, s’il n’est pas disponible ou pire, s’il est tenu à l’écart, il vit alors une forme de rupture générationnelle, c’est-à-dire de ne plus pouvoir vivre ces traditions comme il le faisait il n’y a pas si longtemps. C’est malheureux, car, selon mon hypothèse, c’est que la relation à l’autre personne, par le regard, par les mots, par la préparation des repas, etc., qui est la constituante du vrai rituel où les personnes qui sont justement en présence de l’un et de l’autre, peuvent contribuer à cultiver et à se donner ce qu’on appelle un patrimoine immatériel ».
« Se raconter des histoires, des événements, que les jeunes d’aujourd’hui ont tellement besoin d’entendre des histoires, des événements de la vie de nos personnes aînées. Pour ces dernières, elles ont besoin de transmettre aux autres ce qu’elles sont, ce qu’elles ont vécu, ce qu’elles ont connu; c’est là un besoin psychique et fondamental », conclut Valois Robichaud.

Un mot sur M. Valois Robichaud

Valois Robichaud a reçu l’Ordre du Nouveau-Brunswick en 2022 pour ses nombreuses réalisations en tant qu’éducateur et humaniste engagé au service des autres, et pour son soutien aux personnes malades et en fin de vie.

Il détient un doctorat en sciences de l’éducation et un diplôme spécialisé en gérontologie sociale et psychogérontologie. Il est aussi psychothérapeute, psychanalyste, auteur et conférencier international.

M. Robichaud a eu une brillante carrière à l’Université de Moncton, au campus de Shippagan, en tant que professeur en sciences de l’éducation et en gérontologie. Ses grandes qualités de pédagogue lui ont valu l’admiration de nombreux étudiants et l’obtention du Prix d’excellence en enseignement de l’Université de Moncton en 2008. Ce n’est qu’un faible résumé de son parcours de route exceptionnel.