Le phénomène de la coulée printanière chez l’érable à sucre dépend principalement de la température : une alternance de nuits froides (au-dessous de 0 °C) et de jours plus chauds (au-dessus de 0 °C) est absolument nécessaire. La coulée se déroule en deux étapes : une phase d’absorption pendant les nuits froides et une phase d’exsudation lors du réchauffement de la température.
La nuit, la sève gèle dans les fines branches aux extrémités de l’arbre. Le noyau de glace attire la sève vers le haut et assèche les entailles. Le tronc sous vide absorbe l’eau comme une éponge. Pour une coulée abondante, la température de l’air doit s’abaisser graduellement afin que la sève gèle lentement. Lorsque le gel est rapide, la sève se solidifie dans les vaisseaux du xylème sans parvenir jusqu’aux fibres du bois.
Le jour, lorsque la température passe au-dessus du point de congélation, la sève congelée redevient liquide et redescend par gravité vers le bas de l’arbre et les entailles.
Le phénomène est dû aux propriétés particulières du bois de l’érable dont les cellules fibreuses sont remplies de gaz plutôt que d’eau comme chez la plupart des arbres. La présence de gaz dans les fibres de bois attire l’eau par des forces capillaires et laisse de l’espace pour la formation de glace. Lors de la fonte de la glace, les bulles d’air comprimé chassent la sève par pression et accélèrent le phénomène de la coulée.
Cette explication principalement physique de la coulée ne tient pas compte de certains phénomènes biologiques. Par exemple, la présence du sucrose dans le xylème est nécessaire pour qu’il y ait coulée printanière. L’amidon accumulé pendant l’été est transformé en sucrose au début de l’hiver alors que les enzymes en cause dans cette conversion sont activées par les basses températures.
La théorie physique (pression, etc.) explique toutefois pourquoi les arbres ayant le meilleur rendement en eau d’érable sont ceux dont les rayons vasculaires sont les plus larges. Il y a ainsi plus d’espace pour la montée de la sève lors de la phase d’absorption.

Source : www.aucoeurdelarbre.ca