Pêche à la crevette : l’inquiétude est à son maximum!
En 2023, il ne fait aucun doute que cette flottille est celle qui a été la plus durement affectée dans l’industrie. D’ailleurs, l’Aquapêches en a fait état tout au long de l’année. Sans vouloir enfoncer le clou encore plus creux et continuer à parler négativement de cette pêche, force est de constater que la situation des crevettiers est réellement périlleuse.
« On ne vous cachera pas que nous sommes très inquiets, admet Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP). Le niveau de captures est très bas; en effet, au moment de l’entrevue (vers le 20 octobre), les prises enregistrées n’étaient que d’environ 35 pour cent du contingent global soit environ 4500 tonnes sur un quota de 14 500 tonnes. »
« C’est une situation intenable; on ne peut pas continuer à opérer comme ça, c’est impossible. En 2024, on ne peut pas ouvrir une saison de pêche dans de telles conditions. D’ailleurs, c’est à cause de ces piètres conditions que bon nombre de pêcheurs de crevette ont tout simplement cessé leurs activités », commente M. Lanteigne.
Pour ce qui est des demandes répétées des pêcheurs pour l’allocation d’un contingent de pêche au sébaste, il mentionne que les discussions se poursuivent avec le MPO. « On exerce énormément de pression, car on pense que ça peut représenter une aide précieuse pour l’industrie. Ce n’est peut-être pas une baguette magique en soi, mais ça peut quand même aider nos pêcheurs. »
« Par contre, on doit recevoir un appui de taille du MPO parce que les flottilles ne sont pas prêtes à ça incluant la nôtre. Nous devrons apporter des modifications à nos bateaux et acheter du nouvel équipement. De leurs côtés, les transformateurs ne sont pas prêts
non plus. Il faudra donc ouvrir
la pêche au sébaste le plus rapidement possible, mais de façon graduelle afin de permettre à tous les intervenants concernés de prendre de bonnes décisions. »
Changements fréquents de ministres : « nous sommes à la merci d’Ottawa »
Par ailleurs, à la FRAPP, on se pose de multiples questions. Notamment à voir les mêmes sujets qui défraient les manchettes des médias depuis parfois très longtemps, on est en voie de se demander ce qui achoppe dans les discussions entre les intervenants du monde des pêches et le MPO et pourquoi certains dossiers prennent un temps fou à aboutir. L’organisation a un début d’explication.
Selon M. Lanteigne, il y a le fait que bien des questions majeures deviennent un enjeu politique et les nombreux changements de ministres et d’employés responsables des pêches au fédéral occasionnent des délais dans le traitement des dossiers.
« Depuis cinq ans, on a eu trois différentes personnes au poste de ministre des Pêches et les sous-ministres changent aussi, ce qui n’arrange pas les choses non plus. Chaque personne arrive dans le décor en ayant sa propre opinion et elle subit des pressions politiques. De notre côté, il faut toujours présenter nos dossiers pour la énième fois à de nouvelles personnes et c’est toujours à recommencer. »
« Par exemple, si l’on prend le dossier de la pêche au sébaste, ça traîne depuis au moins 2018. On est d’avis qu’on aurait pu avoir un dénouement plus rapide si nous avions plus de stabilité à Ottawa. Il nous reste qu’à souhaiter que la ministre actuelle des Pêches, des Océans et de la Garde côtière, Diane LeBouthillier saura passer de la parole aux actes », conclut le représentant de la FRAPP.