AQUAPÊCHES

Baleines noires: lueur d’espoir à l’horizon!

Les efforts des crabiers semblent rapporter. Actuellement, selon les experts, il reste environ 350 baleines noires dans le monde. Rappelons, qu’en 2017, le ministère des Pêches et des Océans de l’époque, Dominic LeBlanc, a décidé d’agir après que 17 carcasses de baleines noires aient été découvertes au large des côtes de l’Amérique du Nord, dont 12 dans les eaux canadiennes. Plusieurs décès ont été attribués à des empêtrements avec de l’équipement de pêche et des collisions avec des navires. Dans un texte publié dans l’Acadie Nouvelle du 26 avril dernier, Lyne Morissette, biologiste et spécialiste du fonctionnement des mammifères marins, s’est confié au journaliste, David Caron. Voici l’essentiel de ses propos.

D’entrée de jeu, elle avoue se préoccuper du sort du géant mammifère marin depuis plusieurs années déjà, mais elle a toujours insisté sur l’approche inclusive et sur le fait que les pêcheurs doivent aussi participer à la mise en place de solutions. «Les premières années, les mesures étaient très contraignantes pour les pêcheurs, maintenant, on essaie de trouver de la flexibilité pour permettre aux gens de pêcher tout en maintenant la protection maximum des baleines. Ce qui est intéressant, on essaie d’analyser les baleines pour savoir quand elles sont présentes, à quel endroit et à quel moment afin de trouver des lieux où on a de la latitude pour pouvoir pêcher sans que ça représente un risque», explique la Dre Morissette.

En 2022, durant la saison qui se termine, 21 crabiers du sud du golfe du Saint-Laurent ont mis à l’essai des casiers sans cordes ni bouées, de l’équipement conçu pour réduire les interactions avec les baleines. L’approche inclusive avec les pêcheurs est ce qui diffère le Canada de son voisin du sud, ajoute la chercheuse scientifique.

«Quand on se compare avec les États-Unis, ils font face à ce même problème depuis longtemps, mais ça n’évolue pas aussi vite que chez nous. On n’a pas la même approche. Une partie de ça est culturelle, il n’y a pas les mêmes lois non plus, mais ce que je remarque ici, les pêcheurs sont vraiment au cœur des discussions, des actions et même de la recherche au niveau technologique. On voit la différence. En quatre ans, on a réalisé des pas intéressants pour permettre aux pêcheurs et aux baleines
de coexister.»

Espoir

Pour le moment, il est difficile de déterminer exactement comment les mesures mises en place ont permis d’aider la population de baleines noires, mais depuis deux ans, il y a plus de naissances que de décès. En 2020 et 2021, les chercheurs ont recensé un total de 27 naissances et de quatre décès. Il s’agit donc d’une raison de garder de l’espoir, croit Lyne Morissette. Par contre, selon les données du gouvernement américain, sur les 350 baleines noires dans le monde, il reste moins de 70 femelles en âge de procréer. Pour maintenir la population actuelle et l’accroître, il faudrait qu’au moins 70 baleineaux naissent chaque année. « Ça va prendre encore plusieurs années, mais au niveau de l’approche, on va dans la bonne direction, même si la population est en diminution.»

«Ça fait deux ans qu’il y a plus de naissances que de décès, ce qui reste une bonne chose. La population a déjà été plus basse que ça et elle a remonté, donc je me donne le droit de garder de l’espoir», de conclure Lyne Morissette.

Lyne Morissette