AQUAPÊCHES

Pêche au crabe des neiges: bien en deçà des attentes

Le crabier A.J. Chiasson en train de décharger sa cargaison au quai de Caraquet.
Par Bertin Couturier

On anticipait une saison reluisante avec la hausse d’environ 34% du contingent, la levée des mesures sanitaires qui favorisait l’éclosion du marché et un excellent prix versé aux pêcheurs mais ce n’est pas du tout ce qui s’est produit. Le déroulement de la pêche au crabe fut décevante à bien des égards.

En entrevue, au début juin, le directeur général de la FRAPP, Jean Lanteigne a qualifié la saison en véritable dents de scie. « En levée de rideau, l’optimisme était au rendez-vous: les efforts hâtifs de déglaçage, le contingent fixé à 28 065 tonnes, l’analyse des marchés, etc. Mais on a rapidement désenchanté. Ce fut somme toute une saison bizarre.

Le prix anticipé ne s’est pas concrétisé, le crabe des neiges n’a pas circulé comme prévu aux États-Unis et les transformateurs se sont retrouvés avec un important inventaire sous les bras. »

M. Lanteigne s’explique mal la résistance des consommateurs américains à acheter notre crabe. «Peut-être que les difficultés économiques sont plus importantes qu’on pense du côté américain. Il faudra en discuter avec les économistes.» Chose certaine, la timidité des marchés a eu un impact direct sur les employé-es d’usines qui ont vu leurs nombres d’heures de travail diminuer de semaine en semaine. Il y a beaucoup d’inquiétude en ce moment parmi cette classe ouvrière.

Photo prise au tout début de la saison au port de mer de Shippagan.
La qualité de la ressource est au rendez-vous.

Les « fameuses » baleines

Pour ajouter au plat de résistance, la présence des baleines a vraiment compliqué la tâche des pêcheurs. « C’est encore extrêmement problématique, convient le représentant de la FRAPP. Vers la fin mai, on a identifié une cinquantaine de baleines dans le Golfe. Elle se retrouvent principalement dans la grande région de Gaspé et de Miscou et elles arrivent très tôt (début mai). »

Cette situation a évidemment entraîné la fermeture d’un nombre considérable de quadrilatères, «ce qui complique la vie des pêcheurs qui ne cessent de déplacer leurs casiers. Beaucoup de temps de pêche sont perdus et ça cause un stress sur les épaules des pêcheurs.» Jean Lanteigne a confirmé qu’ à la fin mai, de 10 à 15% de la flottille avait capturé leur contingent.