Le président de l’Association des crabiers acadiens (ACA), Joël Gionet, est relativement optimiste quant à la saison de pêche 2023 bien que, comme plusieurs de ses collègues, il démontre de l’inquiétude face à certains aspects de cette pêche. « Dans les faits, depuis que les baleines sont arrivées dans le portrait, la situation est devenue un peu plus difficile et compliquée pour les pêcheurs. »
Joël Gionet, président de l’Association des crabiers acadiens
M Gionet a signalé que la façon de pêcher comme telle a sérieusement changé pour les crabiers. « Par exemple, avant que les baleines commencent à s’installer dans nos zones de pêches, la flotte de crabiers se dispersait à la grandeur du golfe St-Laurent au printemps. Maintenant depuis l’arrivée des baleines, tout le monde essaie d’aller aux endroits où il y a davantage de crabes à capturer. Ce n’est pas une critique en soi; ce qui arrive, c’est que les pêcheurs savent maintenant que des zones peuvent fermer à n’importe quel moment et ils tentent de capturer une plus grande part de leur quota le plus rapidement possible. »
« Ainsi, on se retrouve avec des situations où plusieurs pêcheurs sont réunis aux mêmes endroits et les prises sont abondantes pour un ou deux voyages, mais après… c’est loin d’être évident. C’est pour ça probablement que les crabiers ont un peu plus de difficulté à prendre leur contingent », dit-il.

Demande au MPO

Le président de l’ACA a rappelé que les crabiers demandent à Pêches et Océans Canada l’autorisation de se munir de 25 casiers supplémentaires par pêcheur, ce qui ferait une différence, à son avis, surtout dans les premières semaines de la saison. « Le ministère et les scientifiques se renvoient la balle à ce sujet et la demande des crabiers semble tomber dans l’oreille d’un sourd. »
« Un total de 25 casiers de plus pour une centaine de pêcheurs ne représente que 2500 casiers de plus; quand la pêche ouvre, au printemps, il y a environ 40 000 casiers à la mer pour l’ensemble de la flottille. Donc, de passer de 40 000 à 42 500 casiers au total ne serait pas la fin du monde », soutient Joël Gionet. Faudra voir la suite des choses…

Un autre outil… mais loin d’être concluant

Un autre outil qui pourrait permettre aux mammifères marins de se libérer plus facilement en cas d’empêtrement est l’utilisation de cordages à faible résistance, mais ce système serait loin d’être idéal, selon M. Gionet. « Tous les tests qu’on a faits en 2022 avec ces cordages nous ont fait réaliser que ça ne fonctionne tout simplement pas, du moins pas pour notre genre de pêche. Tant que les compagnies qui produisent ce genre de cordage ne seront pas capables de fabriquer un cordage de qualité, ce sera toujours aussi décevant. Oui, le cordage se brise facilement, mais la qualité est tellement médiocre que quand on remonte les casiers à la surface avec le treuil, il se désintègre presque entièrement. »

Vers l’arrivée des « bouées intelligentes »

En plus des casiers sans cordage, les crabiers pourront aussi compter graduellement à ce qu’on appelle des bouées « intelligentes ». Il s’agit de bouées qui permettent de géolocaliser (système GPS) précisément les casiers et leurs déplacements. « L’an dernier, il y avait seulement un individu qui en avait; en 2023, il y en aura trois qui vont faire d’autres tests pour voir ce que ça donne. »

« La bouée intelligente, poursuit Joël Gionet, émet un signal seulement quand elle est à la surface de l’eau; si un mammifère marin s’entremêle dans les cordages, le signal va être différent parce que la bouée se trouvera alors sous l’eau. Ça nous permettrait alors d’identifier rapidement si un incident du genre se produit et permettre aux équipes de sauvetage des mammifères marins en difficulté, d’aller à l’endroit exact où ces derniers se trouvent. »