Journée mondiale des enseignantes et des enseignants

Pour Alain Boisvert, directeur général de l’AEFNB, qu’on ait 7 ou 77 ans, l’instinct ludique est au cœur de la créativité, de l’esprit critique, de l’engagement et de la richesse de nos interactions sociales. « Le jeu est un atout de taille pour susciter l’engagement en éducation ».
Je me permets parfois de surnommer nos pédagogues : je les appelle, avec fascination, nos magiciennes ou magiciens du jeu!
Ce surnom vient d’abord de mon année aux côtés de Madame Francine, une enseignante de maternelle pour qui j’étais assistant durant mes études universitaires. Madame Francine transformait en un tournemain une tâche, une corvée ou une leçon plus aride en défi ludique et stimulant, en compétition enivrante ou en joute captivante!
Sa classe avait parfois plus des apparences de casino ou de tombola (roues, dés, cartes à jouer, jetons, lumières, clochettes, chrono, etc.). Grâce aux jeux de Madame Francine, un élève de cinq ans nouvellement arrivé au Canada pouvait apprendre à parler français et à calculer jusqu’à 1 000 durant ses trois premiers mois d’école! Grâce à la propension de cette enseignante pour le jeu, des parents et des élèves d’origines et de langues maternelles variées pouvaient entrer en interaction en s’amusant et en développant des liens d’amitié pour la vie. Pour Madame Francine, l’engagement de l’élève passait principalement par le jeu, tout comme le maintien d’une dynamique de groupe saine et souriante.
Certains philosophes ou théoriciens craignent la proximité de l’éducation avec la notion de jeu : de leur avis, ça ne fait pas toujours très sérieux… D’autant plus que, dans une société de « gamers », les pièges de la dépendance, de l’oisiveté ou du divertissement sans conséquence contribuent à une bien mauvaise réputation du concept. Pourtant, qu’on soit enfant ou grand-parent, notre instinct ludique a tout le potentiel de créer un riche climat d’apprentissage et à susciter un niveau d’engagement propice à la formation.
Pour sa part, Platon affirmait qu’on peut en apprendre plus sur une personne en une heure de jeu qu’en une année de conversations! Comme quoi il n’y a pas que notre savoir qui est mis en valeur autour du jeu, mais aussi notre savoir-être!
À l’aube d’une année chargée d’apprentissages et de belles découvertes, que notre instinct ludique, celui propre à l’enfance, retrouve cette année sa place entière dans nos ateliers, nos salles de classe, nos gymnases et nos cours d’école! Que la créativité, l’émerveillement et le goût de jouer soient au rendez-vous dans nos écoles!