Aquapêche novembre 2022

 Par Bertin Couturier  

La saison des crevettiers est à oublier complètement! Tel était le titre de notre reportage en juin dernier dans l’Aquapêches. Même que le directeur général de la FRAPP, Jean Lanteigne avait utilisé le terme « Terrible » pour décrire le déroulement de la saison 2022. Il avait mentionné que l’enjeu numéro un qui cause de sérieux maux de tête aux pêcheurs est l’augmentation faramineuse du coût du carburant (fuel) versus le prix très bas qu’ils reçoivent pour leurs prises. « C’est nettement insuffisant pour ces entreprises de pêche, a-t-il dit sur un ton sans équivoque. Il est impossible d’atteindre la rentabilité dans un tel contexte. »

Cri de coeur… 

Mais voilà que c’est au tour d’Eda Roussel, conseillère aux pêches à la FRAPP et responsable des dossiers de l’Association des crevettiers acadiens du Golfe (ACAG) de lancer un véritable cri de coeur. Que devrait faire le gouvernement pour venir en aide à cette flottille? À cette question, notre invitée n’y va pas par quatre chemins. « À notre avis, la flottille de crevettiers est l’enfant oublié du MPO. Bien qu’elle traverse des moments très difficiles, personne ne semble réaliser qu’elle est un pan économique extrêmement important dans les communautés côtières du Québec, de Terre-Neuve et de la Péninsule acadienne. »
« Les frais d’exploitation élevés de la pêche à la crevette et la baisse des prix au débarquement associées à la hausse fulgurante du prix du carburant font en sorte que la rentabilité des entreprises de pêche est très menacée, voire en danger. Ici, au N.-B., nos crevettiers sont plus désavantagés que leurs collègues québécois et terre-neuviens, car ils sont plus éloignés des zones de pêche. »
On se rappellera qu’en 1997 des allocations temporaires de crevette (« nouvel accès ») ont été allouées à des pêcheurs qui ne détenaient pas de permis pour la pêche de la crevette, principalement des pêcheurs de poisson de fond du Québec et du Nouveau-Brunswick. Aussi, des allocations temporaires ont été également octroyées au bénéfice d’associations représentant les pêcheurs du groupe noyau de l’Île-du-Prince-Édouard (PEIFA) et de la Nouvelle-Écosse (GNSPB). « Ces allocations temporaires de crevette qui sont devenues permanentes devaient permettre à la PEIFA et GNSPB d’aider leurs flottilles de homard à se rationaliser. Cette pêche a été prise au détriment des crevettiers sans aucune compensation. Or, aujourd’hui, la flottille de homard de ces deux provinces n’a pas vraiment besoin de cette crevette. Nous croyons que le MPO devrait revoir sa position et remettre la crevette à notre flottille qui est en sérieuses difficultés en ce moment ou encore mettre en place une formule de dédommagement. »
En conclusion, Mme Roussel se pose les questions suivantes : Comment va survivre cette flottille si les coûts du carburant ne cessent d’augmenter? Va-t-il y avoir une pêche en 2023? Cette industrie va-t-elle recevoir un coup de pouce du gouvernement fédéral? « Les réponses à ces questions sont très importantes car elles vont dicter l’avenir à court et à moyen termes de notre flottille de crevettiers. »