Aquapêche - juin 2023

Serge Cormier, député fédéral d'Acadie-Bathurst
Une étude commandée par le Comité permanent des pêches et des océans recommande plusieurs changements aux protocoles de fermeture des zones de pêche déclenchées en raison de la présence de baleines noires.
Dans un texte publié dans l’Acadie Nouvelle, sous la plume du journaliste, Justin Dupuis, on apprend que l’étude en question demandée par le député fédéral d’Acadie-Bathurst Serge Cormier avait pour objectif d’évaluer l’impact des mesures de gestion des pêches mises en place pour protéger la baleine noire de l’Atlantique Nord.
Le comité, qui a interrogé 32 témoins à ce sujet, souhaitait notamment comprendre si les mesures en place ont permis de réduire le nombre de blessures ou de décès dans le Canada atlantique et au Québec ainsi que leur impact sur l’économie des communautés côtières.
En 2010, le nombre de baleines noires – une espèce en voie de disparation – était estimé à 500. À la fin de l’année 2021, ce chiffre était passé à environ 340. Chaque année, environ 140 baleines migrent dans le sud du golfe afin de se nourrir. D’après le MPO, deux cas de mortalité de baleines noires sont survenus dans les eaux des États-Unis depuis novembre 2022. Depuis décembre 2022, les baleines noires de l’Atlantique Nord ont donné naissance à 11 baleineaux.
L’année précédente, 14 baleineaux avaient été recensés. En 2017, le gouvernement canadien a introduit une série de mesures pour protéger les baleines après la mort de 12 d’entre elles dans les eaux canadiennes, principalement à la suite de collisions avec des bateaux ou de blessures causées par des engins de pêche.

Un total de 48 recommandations

Dans ce rapport, le comité formule 48 recommandations afin de mieux protéger les baleines tout en favorisant leur coexistence avec l’industrie de la pêche. Pour Serge Cormier, qui siège aussi au comité, les témoins ayant participé à l’étude – notamment les groupes environnementaux et les experts – ont indiqué que les protocoles de fermeture de zones de pêche lorsque des baleines y sont aperçues pourraient être modifiés en toute sécurité.

« Le comité demande d’avoir un protocole de fermeture lorsqu’on aperçoit trois baleines dans une zone plutôt qu’une seule », dit-il. Il recommande aussi que les zones de pêche soient rouvertes si les baleines n’y sont plus au bout de sept à dix jours.

« On connaît mieux le comportement des baleines et il y a moyen de faire en sorte que ces mesures-là soient adaptées à certaines régions. J’espère que la ministre des Pêches et le gouvernement vont répondre favorablement aux recommandations pour que l’industrie des pêches soit florissante pour de nombreuses années à venir, tout en respectant nos obligations pour protéger la baleine noire », ajoute Serge Cormier.

Pour une pêche hâtive

Parmi les autres recommandations, le comité plaide aussi pour un début hâtif de la saison de crabe, une manière de mener les activités de pêche avant l’arrivée de baleines dans le sud du golfe. « On souhaite voir un début de pêche hâtif parce qu’on sait que les baleines sont présentes de plus en plus tôt, dit M. Cormier. Si la pêche débute plus tôt, on peut limiter les interactions avec les baleines. »
Pour ce faire, le Comité permanent des pêches et des océans demande que le Fonds des pêches de l’Atlantique finance la construction ou la modernisation d’un navire capable d’effectuer le déglaçage des chenaux et l’intérieur des quais de la région du golfe, mais plus particulièrement ceux de la baie de Caraquet et de la baie de Shippagan, ce qui accéléra l’ouverture de la saison de pêche.
« On pense qu’il devrait y avoir un mini brise-glace construit spécifiquement pour la région, dit Serge Cormier. On ne parle pas d’un nouveau bateau de la garde côtière, mais plutôt d’un bateau de pêche renforcé au niveau de la coque dont on pourrait se servir plus tôt dans la saison, peut-être à la fin février ou début mars, pour commencer à ouvrir les chenaux. »
Le rapport du comité est aussi en faveur « d’améliorer les connaissances scientifiques sur l’espérance de vie des baleines noires de l’Atlantique Nord, les causes des décès non naturels et l’évolution des tendances migratoires causées par les changements climatiques pour élaborer des mesures de gestion des pêches fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles ».