Aquapêche - avril 2024

Il semble bien que la lune de miel entre la ministre fédérale des Pêches et des Océans, Diane LeBouthillier, et les organisations de pêcheurs soit déjà terminée. La venue d’une ministre d’origine gaspésienne, une région dont une grande partie de l’économie repose sur la pêche, semblait porteuse d’espoir s’est rapidement dissipée. À la rédaction de ce reportage vers le 20 mars, les discussions entre les crevettiers de l’Atlantique et la ministre LeBouthillier concernant la réouverture de la pêche commerciale au sébaste étaient très ardues.
Diane LeBouthillier, ministre fédérale des Pêches et des Océans
Rappelons qu’à la fin janvier, la ministre a annoncé en grande pompe la fin du moratoire sur le sébaste, attendue depuis longtemps par les crevettiers qui souffrent du déclin des stocks de crevettes nordiques et qui s’élèvent contre l’énorme quantité de sébastes dans leurs territoires de pêche depuis plusieurs années (voir l’annonce officielle en page 20).
Jean Lanteigne, le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP)
Cependant, à la surprise générale, le ministère n’a réservé aux crevettiers que 10 % du quota global de 25 000 tonnes, « une aberration épouvantable », selon le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP), Jean Lanteigne.
« Ce quota est loin d’être suffisant; si on fait une simple opération mathématique, sur ce quota plancher qui sera vraisemblablement recommandé, 10 pour cent de 25 000 tonnes représentent 2500 tonnes et il y a dans le golfe St-Laurent 110 détenteurs de permis, ce qui donne donc environ 23 tonnes par permis; cela ne représente même pas l’équivalent d’un seul voyage en mer! », affirme M. Lanteigne qui n’en revient toujours pas de la tournure des événements.

Une réunion qui tourne en queue de poisson

Jean Lanteigne et ses collègues de l’Atlantique sont sortis amèrement déçus d’une réunion du comité consultatif du sébaste qui a eu lieu au début mars à Halifax. « Cela n’a absolument rien donné; le ministère avait présenté d’autres scénarios, soit un qui proposait un quota entre 40 000 et 50 000 tonnes, une autre proposition qui allait jusqu’à 60 000 tonnes et une dernière qui allait de 60 000 à 80 000 tonnes, mais toujours avec seulement 10 pour cent du contingent accordé aux crevettiers de la région. »
« Si, par exemple, on alloue 10 pour cent de 80 000 tonnes aux crevettiers, on en arrive à un quota global de 8000 tonnes pour les 110 détenteurs de permis, donc environ 73 tonnes chacun, ce qui équivaut à environ un voyage par pêcheur. »

C’est nettement insuffisant pour que les pêcheurs prennent la peine de s’équiper et d’aller pêcher le sébaste pour avoir un revenu décent. Cela ne fonctionne tout simplement pas.